De Gabor Rassov. Mise en scène Pierre Pradinas. Avec Romane Bohringer,Thierry Gimenez, Matthieu Rozé, Bruno Salomone, Warren Zavatta.

Cette nouvelle collaboration avec Gabor Rassov, la dixième, nous donne l’occasion de revisiter un certain genre de théâtre, le mélodrame. A l’origine drame soutenu par la musique, le mélo est devenu au XIXème siècle la « tragédie du pauvre ». Mais l’accumulation des situations pathétiques, d’improbables péripéties et rebondissements aux accents moralistes qui discréditèrent le genre ne trouvent-ils pas une pertinence aujourd’hui du côté de la comédie. Un excès dans le drame finit immanquablement par faire rire, et ce qui ruinerait une tragédie est un atout pour le mélo. Nous allons donc détourner les codes du genre pour nous en amuser…

Un jeune homme aime une jeune fille, mais cet amour est impossible à cause des terribles différents qui opposent depuis toujours les familles des deux amoureux. C’est cette intrigue pour ainsi dire universelle qui sera déclinée dans trois cadres différents et très contemporains, le grand prix de formule 1 d'Acapulco, un temple Bouddhiste à Shangaï et la résidence d'un producteur milliardaire à Los Angelès. Trois courtes pièces se succèderont dans le cadre fictif d'un grand festival international du mélodrame, Grand Prix, Jusqu'à la mort, et La rédemption d'Oncle Bill.

Ranimer le mélodrame, c’est aussi lui trouver une résonnance aujourd’hui. On pourra se moquer de la fiction contemporaine, notamment télévisuelle, qui s’est largement inspirée de ses recettes, augmentées de nouveaux rituels comme l’omniprésence des annonceurs publicitaires ou les rires enregistrés qui surlignent les effets « comiques ». Pour jouer ces textes contemporains, nous avons sollicité des acteurs fidèles et rompus au jeu à la fois très premier degré et légèrement zélé requis par cet humour particulier, Romane Bohringer, Thierry Gimenez et Matthieu Rozé. Nous serons rejoints par des nouveaux venus dans notre groupe, aux univers proches, Warren Zavatta et Bruno Salomone…

Côté scénographie, c’est le théâtre de l’impossible : le défi de représenter des lieux aussi différents et singuliers est insurmontable sinon par l’imaginaire. Un imaginaire qui plongera ses racines entre le théâtre forain et le théâtre expressionniste, à base de toiles peintes et de trompe-l’œil par exemple. Simon Pradinas signera la scénographie. La musique originale très proche de la dramaturgie, et des sons complèteront le dispositif visuel.

Pierre Pradinas, 7 Avril 2013.